La réforme judiciaire en Israël
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La réforme judiciaire en Israël est un projet de loi porté par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses alliés, qui vise à affaiblir le pouvoir de la Cour suprême et à renforcer celui du gouvernement et du Parlement. Ce projet suscite une forte opposition de la part de nombreux secteurs de la société israélienne, qui craignent une dérive autoritaire et une atteinte à l’État de droit.

Depuis plusieurs mois, des manifestations massives ont lieu dans tout le pays pour dénoncer ce qu’ils appellent un coup d’État contre la démocratie. Quels sont les enjeux de cette réforme ? Quelles sont les réactions qu’elle provoque ? Quelles sont les perspectives d’avenir pour Israël ?

Le contenu de la réforme judiciaire

La réforme judiciaire comprend plusieurs mesures qui visent à limiter l’influence de la Cour suprême sur les décisions du gouvernement et du Parlement. La plus emblématique est la suppression de la clause de raisonnabilité, qui permet à la Cour suprême d’annuler les décisions gouvernementales ou législatives qu’elle juge déraisonnables ou contraires aux principes fondamentaux de l’État.

Voici une vidéo relatant ces faits :

Cette clause a été utilisée par la Cour suprême pour invalider des lois controversées, comme celles sur l’exemption du service militaire pour les ultra-orthodoxes, sur la régularisation des colonies en Cisjordanie ou sur l’État-nation du peuple juif. La réforme prévoit également de modifier le mode de nomination des juges, en donnant plus de poids aux représentants politiques, et de créer une cour constitutionnelle distincte de la Cour suprême, qui aurait le dernier mot sur les questions constitutionnelles.

Les arguments des partisans de la réforme

Les partisans de la réforme judiciaire affirment qu’elle est nécessaire pour rétablir l’équilibre des pouvoirs entre les branches exécutive, législative et judiciaire. Ils accusent la Cour suprême d’avoir outrepassé ses prérogatives et d’avoir imposé sa vision progressiste et libérale à la majorité du peuple israélien, qui serait plus conservatrice et nationaliste.

Ils estiment que la Cour suprême entrave l’action du gouvernement et du Parlement, qui sont élus démocratiquement, et qu’elle porte atteinte à la souveraineté d’Israël sur ses territoires et à son identité juive. Ils invoquent également le principe de séparation des pouvoirs, selon lequel le pouvoir judiciaire ne doit pas interférer avec le pouvoir politique.

Les arguments des opposants à la réforme

Les opposants à la réforme judiciaire dénoncent un projet dangereux qui menace de transformer Israël en une dictature. Ils soutiennent que la Cour suprême est le dernier rempart contre les abus du pouvoir et qu’elle garantit le respect des droits fondamentaux, notamment ceux des minorités arabes, des femmes, des LGBT ou des migrants.

Ils craignent que la réforme ne donne carte blanche au gouvernement et au Parlement pour adopter des lois arbitraires ou discriminatoires, sans aucun contrôle ni recours possible. Ils accusent également Netanyahu d’avoir des motivations personnelles pour affaiblir la justice, puisqu’il est mis en cause dans plusieurs affaires de corruption et qu’il risque un procès.

Les manifestations contre la réforme

La réforme judiciaire a provoqué une vague de protestation sans précédent en Israël. Depuis plusieurs mois, des centaines de milliers de personnes descendent dans la rue pour exprimer leur colère et leur inquiétude. Les manifestations ont lieu dans tout le pays, mais surtout à Jérusalem, devant le Parlement, et à Tel-Aviv, devant la résidence du Premier ministre.

Les manifestants brandissent des drapeaux israéliens, des pancartes et des slogans comme « Sauvez Israël de Netanyahu », « Non au coup d’État » ou « La démocratie ou la rébellion ». Ils sont rejoints par des représentants de divers secteurs de la société, comme les médecins, les avocats, les étudiants, les artistes ou les réservistes de l’armée. Les manifestations sont généralement pacifiques, mais il y a eu des affrontements avec la police, qui a utilisé des canons à eau, des gaz lacrymogènes et des barbelés pour disperser les foules.

Les réactions internationales à la réforme

La réforme judiciaire a également suscité des réactions internationales, notamment de la part des pays occidentaux, qui sont traditionnellement alliés d’Israël. Plusieurs dirigeants et organisations ont exprimé leur préoccupation et leur soutien aux manifestants. Par exemple, le président américain Joe Biden a déclaré que la réforme judiciaire était une menace pour la démocratie et les droits de l’homme en Israël et qu’il se tenait aux côtés du peuple israélien qui défend ses libertés.

De même, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé à préserver l’indépendance de la justice et le respect de l’État de droit en Israël. D’autres pays, comme la Russie, la Chine ou l’Iran, ont plutôt salué la réforme judiciaire comme un signe de souveraineté et de résistance aux ingérences étrangères.

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