Tout sur Benyamin Netanyahu
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Le 7 octobre 2023 restera comme une date noire dans l’histoire d’Israël. Ce jour-là, le mouvement islamiste du Hamas a lancé une attaque surprise contre le territoire israélien, faisant des dizaines de morts et de blessés parmi les civils et les militaires. Une attaque qui a révélé les failles de la sécurité et du renseignement israéliens, mais aussi l’incurie du gouvernement dirigé par Benyamin Netanyahu, le Premier ministre le plus longtemps au pouvoir dans le pays.

Qui est Benyamin Netanyahu ?

Benyamin Netanyahu, surnommé “Bibi”, est né en 1949 à Tel Aviv. Il est le fils de Benzion Netanyahu, un historien sioniste et militant du mouvement révisionniste de Zeev Jabotinsky. Il passe une partie de son enfance aux États-Unis, où il acquiert la maîtrise de l’anglais et un goût pour la politique. Il effectue son service militaire dans l’unité d’élite Sayeret Matkal, où il participe à plusieurs opérations secrètes, dont l’opération Entebbe en 1976, qui libère des otages d’un avion détourné par des terroristes.

Il entame ensuite une carrière diplomatique, qui le conduit à être ambassadeur d’Israël aux Nations unies de 1984 à 1988. Il se lance ensuite dans la politique intérieure, en rejoignant le Likoud, le parti de droite nationaliste. Il devient député en 1988, puis ministre des Affaires étrangères en 1996. La même année, il est élu Premier ministre pour la première fois, à la tête d’une coalition de droite et de religieux. Il mène une politique dure face aux Palestiniens, tout en acceptant de signer les accords de Wye Plantation avec Yasser Arafat en 1998, qui prévoient un retrait partiel d’Israël de la Cisjordanie.

Il perd les élections de 1999 face à Ehud Barak, du Parti travailliste, et se retire temporairement de la vie politique. Il revient en 2002 comme ministre des Affaires étrangères, puis des Finances, sous le gouvernement d’Ariel Sharon. Il démissionne en 2005 pour protester contre le plan de retrait unilatéral de Gaza. Il reprend la tête du Likoud en 2006 et devient chef de l’opposition.

Voici une vidéo présentant cet homme politique :

En 2009, il est à nouveau élu Premier ministre, à la tête d’une coalition hétéroclite qui rassemble la droite, les religieux et les centristes. Il se maintient au pouvoir malgré plusieurs crises politiques et sociales, en jouant sur sa popularité et sa réputation de “Monsieur Sécurité”. Il se rapproche de l’extrême droite et des colons, tout en s’opposant fermement à l’Iran et à son programme nucléaire. Il noue aussi des relations inédites avec plusieurs pays arabes, comme les Émirats arabes unis ou le Bahreïn.

En 2019, il est mis en examen pour corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires différentes. Il nie les faits qui lui sont reprochés et dénonce une “chasse aux sorcières” orchestrée par ses ennemis politiques et les médias. Il reste au pouvoir malgré quatre élections législatives successives qui n’ont pas permis de dégager une majorité claire au Parlement. En décembre 2022, il forme un gouvernement avec son rival Benny Gantz, du parti centriste Bleu-Blanc, dans le cadre d’un accord de rotation qui prévoit qu’il cède le poste de Premier ministre à Gantz après 18 mois.

Quelles sont les causes de l’attaque du Hamas ?

Le Hamas est un mouvement islamiste palestinien qui contrôle la bande de Gaza depuis 2007, après avoir évincé le Fatah, le parti laïc et modéré du président Mahmoud Abbas. Le Hamas est considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne. Il prône la destruction d’Israël et la création d’un État islamique sur toute la Palestine historique.

Le Hamas a mené plusieurs attaques contre Israël, notamment des tirs de roquettes et des attentats-suicides. Israël a riposté par des opérations militaires, comme l’opération Plomb durci en 2008-2009, l’opération Pilier de défense en 2012 ou l’opération Bordure protectrice en 2014, qui ont fait des milliers de morts et de blessés, principalement des civils palestiniens.

Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé une attaque d’une ampleur inédite contre Israël, en utilisant des drones kamikazes chargés d’explosifs. Les drones ont visé des cibles stratégiques, comme des bases militaires, des centrales électriques, des aéroports ou des installations nucléaires. L’attaque a surpris les défenses israéliennes, qui n’ont pas réussi à intercepter tous les drones. Le bilan est lourd : plus de 200 morts et 500 blessés côté israélien, dont des soldats, des politiciens et des personnalités publiques.

Les causes de l’attaque du Hamas sont multiples. D’une part, le Hamas a voulu profiter de la faiblesse du gouvernement israélien, divisé et affaibli par les scandales de corruption impliquant Netanyahu. D’autre part, le Hamas a voulu réagir à la normalisation des relations entre Israël et certains pays arabes, qu’il considère comme une trahison de la cause palestinienne. Enfin, le Hamas a voulu démontrer sa capacité à frapper Israël malgré le blocus imposé par ce dernier à Gaza depuis 2007.

Quelles sont les conséquences de l’attaque du Hamas ?

L’attaque du Hamas a provoqué un choc et une colère en Israël. Le pays se sent vulnérable et trahi par son gouvernement, qui n’a pas su assurer sa sécurité. La population réclame des comptes et des sanctions contre les responsables de ce qu’elle considère comme un désastre national.

Netanyahu est le premier visé par les critiques. Il est accusé d’avoir négligé les questions de défense et les problèmes de Gaza au profit d’une révision de la justice israélienne destinée à échapper aux procès qui le concernent. Il est aussi reproché d’avoir affaibli l’armée et les services de renseignement en les soumettant à son agenda politique. Il est enfin soupçonné d’avoir ignoré les alertes lancées peu avant la tragédie.

Netanyahu refuse d’assumer sa responsabilité et rejette la faute sur ses adversaires politiques, sur les médias ou sur les juges. Il affirme que son gouvernement a agi avec détermination et courage face au Hamas et qu’il continuera à défendre Israël contre ses ennemis. Il appelle à l’unité nationale et au soutien à l’armée, qui mène une opération terrestre à Gaza pour détruire le Hamas.

Mais son discours ne convainc pas. L’opposition réclame sa démission immédiate et la formation d’un gouvernement d’union nationale. Les manifestations se multiplient dans les rues pour exiger son départ. Les sondages montrent que sa popularité est en chute libre. Même au sein de son propre parti, le Likoud, des voix s’élèvent pour demander son remplacement.

Netanyahu est-il sur le point de tomber ? Rien n’est moins sûr. Le Premier ministre israélien a montré par le passé sa capacité à survivre aux crises politiques et à rebondir. Il dispose encore d’une base électorale fidèle et d’alliés solides au sein de la coalition gouvernementale. Il peut aussi compter sur le soutien indéfectible du président américain Donald Trump, qui lui a exprimé sa solidarité et son amitié.

Mais il est clair que Netanyahu traverse la période la plus difficile de sa carrière politique.

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